« Linder : femme/objet » : féministement vôtre.

ImageUn vent féministe souffle au musée d’art moderne de la ville de Paris et nous décoiffe en version punk. Linder Sterling (dite Linder) s’expose sans détours à travers la rétrospective « Femme/objet », et on est prévenus dès l’entrée : certaines images sont susceptibles d’heurter la sensibilité d’un public non averti. Tant mieux, choquer, c’est là tout le dessein de l’artiste, de son vrai nom Linda Mulvey, née à Liverpool en 1954.

Une femme nue, un fer à repasser à la place de la tête, des bouches au bout des seins,  la couverture de la pochette « Orgasm Addict » des Buzzcooks (1977) signée Linder donne le ton.  L’effrontée pourrait être son surnom. Dans le sillage des Sex Pistols et de la mouvance Dada réinventée – avec John Heartfield et Hannah Höch – la jeune Linder se fait maîtresse du collage détournée dans une portée féministe, à savoir : dénoncer le profil de la femme réduite à un simple objet commercial. Revues féminines, presse masculine, de Elle à Playboy, en passant par la femme-ménagère, le porno et les publicités, elle recrée la figure féminine de façon délurée, avec ses excès, et fait de la provocation sa marque de fabrique. Artiste engagée, elle donne à ses œuvres ces touches militantes qui, bien que parfois crues, ne laissent indifférents et forcent à la réaction, ou du moins, portent à la réflexion.

Roses, pâtisseries, ustensiles ménagers, grandes bouches, Linder tourne et détourne ses clichés dans tous les sens et le non-sens. Son procédé, répétitif, ne cherche pas l’esthétisme, il l’atteint d’ailleurs rarement. Toutefois, la série sur les danseuses se révèle douce et poétique. Linder est certes féministe, mais à ce petit grain sensible qui surgit parfois comme un pic et qui vient vous harponner l’âme. Mais c’est son côté punk rebelle – elle a même fondé un groupe, « Ludus », avec Ian Devine en 1978 – qui domine chez cette reine de la transgression du genre. Où l’on découvre que la robe en viande crue de Lady Gaga a été inspirée par Linder elle-même lors d’un concert en 1981… Une exposition à voir rien que pour se rappeler que l’art peut être au service de grandes causes.

« Linder : femme/objet », au musée d’art moderne de la ville de Paris. Jusqu’au 21 avril 2013.

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