Faire le plein du vide. 1922. New-York. Gatsby est un homme riche, obsédé par la magnificence qui lui permet de combler la vacuité de son existence. Il vit par elle, pour elle, Daisy Buchanan (Carey Mulligan), son amour de jeunesse, mariée à un homme volage (Joel Edgerton) et cousine germaine de Nick Carrawa (Tobey Maguire). C’est ce jeune cousin discret et naïf qui sert de lien entre les différents protagonistes. Avec lui, nous voilà transportés dans le monde théâtral, opulent, démesuré de la bourgeoisie américaine des 20’s sur une BO décalée et anachronique – Lana Del Ray, Jay-Z, Florence & The machine, Beyoncé, on est loin de l’ambiance jazz propre aux « Années folles » – entre amours, mensonges, et trahisons.
Superficialité. Tel serait le mot qui décrirait au mieux le dernier film de Baz Luhrmann tiré du chef-d’œuvre éponyme de Francis Scott Fitzgerald. Évidemment l’univers du millionnaire Gatsby se prête parfaitement à la légèreté de ce milieu illusoire où tout n’est que luxe et vanité, sans calme : les fêtes, les fêtes, les fêtes, avec leurs excès, leurs piscines de champagne, leurs cris, leur débauche, leur faste. De très jolis tableaux certes, qui ne sont pas sans rappeler « Moulin Rouge ». Sauf que dans ce dernier, la profondeur, la sensibilité, la fragilité régnaient en beauté. Dans « Gatsby le magnifique », tout semble être effleuré, bancal, qu’on se demande où le réalisateur souhaite nous amener au-delà de la féérie des festivités et de l’amour impossible entre les deux amants – son thème de prédilection. Fitzgerald souhaitait mettre en scène dans son roman la « génération perdue » de l’entre-deux-guerres. Luhrmann dans son film s’y perd lui, et nous perd. L’âme de cette adaptation cinématographique ne semble résider que dans la magistrale interprétation de Léonardo Dicaprio –oui, encore – qui démontre toute la complexité du personnage Gatsby, mi-prince mi-escroc, être névrosé admirable et pathétique, entre grandeur et déséquilibre. Oui Gatsby est magnifique, son interprète, pas le film, malgré quelques beaux effets.
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