« Brassaï, pour l’amour de Paris » : un conte nocturne

ImageParis, la « Ville Lumière », ne se montre jamais aussi éclatante que quand elle est captée en noir et blanc. Après Willy Ronis, Robert Doisneau, Izis, c’est au tour du photographe Brassaï d’être mis sous les feux des projecteurs à l’Hôtel de Ville.

De son vrai nom Gyulus Halasz, né en 1899 à Brasso en Transylvanie, Brassaï commence à photographier alors qu’il a vingt ans. C’est un voyage à Paris avec son père, alors invité à passer une année en tant que professeur de littérature à la Sorbonne, qui lui donne la fièvre de la capitale : il n’est pourtant âgé que de quatre ans. Cette fascination l’amène à rejoindre Paris en 1924 après ses débuts en tant que journaliste à Berlin où il suivait parallèlement des cours aux Beaux-Arts. Là, il y rencontre Prévert, Desnos qui l’introduisent dans le milieu artistique et intellectuel surréaliste des Années Folles à Montparnasse. Photographe, mais aussi écrivain, cinéaste, peintre, dessinateur, Brassaï fait de la transformation du réel en décor irréel sa quête principale.

Si le photographe sait magnifier Paris en belle de jour au travers des yeux de son objectif – la foule des Grands Boulevards, de la rue de Rivoli, les enfants jouant au jardin du Luxembourg, ou encore les monuments qui font l’histoire de la ville -, son don se révèle plus particulièrement lorsque le soleil est enfin couché. Brassaï devient un magicien, un conteur de la lumière nocturne de Paris. Des Folies Bergères, au désert nébuleux des quartiers touristiques de la capitale, en passant par le monde du cirque qu’il affectionne expressément – passion qu’il partage avec son ami Picasso -, il saisit « la beauté du sinistre ». Ombres, silhouettes, brouillard, illuminations aveuglantes, le Paris de Brassaï est teinté de mystère et de poésie. Rien n’est artificiel, même la lumière de la nuit, qu’il s’agisse de becs de gaz, de cigarettes, de phares de voitures, le photographe révèle l’invisible avec un fabuleux sens de composition.

« Brassaï, pour l’amour de Paris », à l’Hôtel de Ville de Paris. Jusqu’au 8 mars 2014.

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