Liberté je dessine ton nom

archives rêve« Je ne pourrai plus sortir de cette forêt ». Telle est la phrase, tirée de Pélleas et Mélisande de Maeterlinck, qui a accompagné Werner Spies dans l’élaboration de l’exposition « Les archives du rêve » au musée de l’Orangerie. C’est en effet à travers une forêt prolifique de 80 000 pièces que l’historien de l’art et ancien directeur du Musée d’art moderne de Paris y a cueilli 155 des plus belles feuilles afin de proposer une esquisse de la collection de dessins du musée d’Orsay.

Ce qu’il y a de magnétique avec le dessin, c’est cette intimité créée par la spontanéité des artistes. Rien ne semble retenu, tout paraît exempt de quelque académisme. C’est un peu comme si l’inspiration était guidée par la liberté. Degas, Millet, Seurat, Moreau, Daumier, Redon, Cézanne, tous usent du dessin pour laisser libre part à leur imagination, et offrent des œuvres souvent empreintes de modernité, loin des commandes et des normes des salons.

Crayon Conté noir, fusain, pastels, pierre noire, plume, encre brune, pinceau, les diverses techniques du dessin permettent aux artistes de s’amuser avec les oppositions et les mouvements. Les danseuses de Degas semblent virevolter, il mêle le dessin et le pinceau, joue entre l’achevé et l’inachevé, contraste entre l’abouti et l’esquisse. Les Pêcheurs de homards (1857-1860) de Millet et les porteurs de fagots du Dernier labeur du jour (1891) de Segantini transpirent de réalisme poétique et semblent suspendus dans leurs gestes. Baudelaire fait de son Autoportrait de 3/4 (1863-1864) une fleur du mal angoissante avec un regard d’autant plus intense que les pupilles sont plongées dans le noir.

Illustrations, nus féminins, portraits, autoportraits, monstres, chimères, mort, mélancolie, « Les archives du rêve » invite à une échappée onirique dans cette Brocéliande du dessin. Petit bémol et grosse interrogation toutefois concernant les quelques aquarelles proposées, qui bien qu’aériennes et légères, laissent en suspens quant à leur place dans une exposition consacrée aux dessins.

« Les archives du rêve », au Musée de l’Orangerie. Jusqu’au 30 juin. 

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